Idaho
We Were Young And Needed The Money
retrophonic/idahomusic/bang!
En 2002, Idaho fête ses dix ans. Le groupe de Jeff Martin comptabilise six albums studio, un album live, une poignée de formats courts et désormais aussi une compilation de titres écartés, enregistrés de 1992 à 2000.
‘We were young and needed the money’ s’adresse plus au fan qu’au découvreur qu’on orientera plutôt vers les albums studios. 17 titres, soixante minutes qui laissent la part belle à des guitares vibrantes, agitées et sombres, assez éloignées de la marque de fabrique slowcore et des dernières sorties discographiques plus douces et apaisées.
Le disque ne suit pas un ordre chronologique, Jeff Martin semble avoir voulu brouillé les pistes, les repères, à la recherche d’une certaine cohérence d’ensemble, comme pour vouloir faire de ce disque un vrai album. Les notes de pochette sont à ce titre difficilement lisibles. On aurait préféré qu’elles soient plus riches, qu’il prenne le temps d’expliquer le parcours de chaque morceau et l’histoire qu’il cache, on se contentera de la deviner.
Le co-fondateur de Idaho, John Berry, résume bien la situation dans le dossier de presse: ‘A lot of these songs seemed too “poppy” or too conservative to us at the time we recorded them’. Chacun de ces morceaux a été d’une façon ou d’une autre écarté des disques parce qu’il ne collait pas à l’ensemble, il faut d’ailleurs à ce point reconnaître à Idaho ce talent et souci de cohérence et qualité sur leurs albums.
‘Social Studies’ (99) a ainsi et probablement été écarté de ‘Heart of Palm’ car trop pop et dissolu, mais tout autant sombre et rêveur d’un autre côté, quelque part entre deux eaux, hésitant, ne sachant pas très bien quelle option choisir.
‘Teeth Marks’ (95) vient de la période ‘three sheets to the wind’, même caractère aérien et sophistiqué. La nature un peu trop pop et noisy – les guitares à la fin - du morceau a du lui valoir son écartement mais cela reste un morceau intéressant.
Bizarre que le très beau ‘This day’ (97) n’aie jamais trouvé place sur le ‘Forbidden’ ep ou sur ‘Alas’. L’alchimie fonctionne ici à merveille et nous immerge dans l’univers grandiose de Idaho.
A l’opposé on comprend très bien la remise du lourdaud et quasi-grunge ‘Come Over’(96), arrivé trop tard pour remplir un peu plus ‘This way out’ (94) ou ‘Year after year’ (93). En 96, Idaho naviguait définitivement vers d’autres eaux. ‘Flat Top’ (96) est un autre de ces brûlots, victimes du tournant de carrière.
‘Shoulder Back’ (95) est une des quelques pépites que cette compilation révèle. Rien de nouveau mais une gemme de plus à l’actif d’Idaho première époque. ‘Breathe’ tente le doublet, même session d’enregistrement dessinant des paysages communs, mais reste une honorable face b.
‘A Second Chance’ (96) a du rater de très peu sa qualification, morceau habité et vibrant, manquant peut-être d’un peu de clarté. ‘Straw Dogs’ (96), ‘Signs of Life’ (96) – très beau - , ‘Much Closer Now’ (96) poursuivent, peut-être signes d’un disque avorté. Il est en effet curieux de constater comment plus de la moitié des titres (9 sur 17) datent des années 95 et 96, zone probablement troublée de l’histoire d’Idaho.
Sur ‘Spiral’ (99), ‘Nothing’s wrong’ écarté de ‘Heart of palm’, on retrouve le groupe en phase de renaissance, débarqué de ses labels et lancé dans l’aventure de l’autoproduiction. ‘Stayin' Out In Front’ (00) est un peu imbuvable, trop poppy et manquant de retenue.
L’album se termine alors avec trois morceaux datant des débuts (92), extraits de l’époque du ‘Palms ep’ et du premier album ‘Year after year’. Un peu datés, on leur préférera les vrais disques.
‘We were young and needed the money’ est un disque pour collectionneur archiviste, pour ceux qui ont usé les vrais albums d’Idaho a force de les avoir écoutés et qui, par nostalgie, recherchent un peu de saveur fraîche issues des mêmes eaux, des bouts d’histoire à compléter, à recoller.
Didier
this review is/was online at Matamore
and is available here for archival purposes only